Ch?re Madame, Je ne connais pas ≪ l’allure ≫ des correspondances de ≪ marraine ≫ ? ≪ poilu ≫. Vous m’avez t?moign? de l’int?r?t et avec une gr?ce incomparable, ce qui m’a beaucoup touch?. Vous jugerez vous-m?me de l’allure de notre correspondance et m’en ?crirez, s’il vous pla?t, ou cesserez de m’?crire selon votre bon plaisir qui, en ce cas, doit ?tre respect? et non mon agr?ment. Vous me flattez ?videmment pour ce qui concerne la distinction de mon esprit. Au cas o? elle existerait, elle s’aper?oit peu dans mes lettres et se trouverait plut?t dans mes livres. Dans la vie, je n’ai pas plus de distinction que n’en ont la plupart des hommes. Je suis souvent orgueilleux, ce qui est une forme de la sottise. Je suis autoritaire, tr?s autoritaire et cependant tr?s doux, je ne suis plus un tout jeune homme puisque je viens d’entrer dans ma trente-cinqui?me ann?e. Pour le reste je suis un po?te. Voil? pour moi, comme disent les conteurs arabes. ?mile L?onard m’a, en effet, ?crit que votre p?re ?tait un savant de premier ordre et m’a mentionn? son ouvrage sur Cyrano qui fait autorit?. J’entends qu’un p?re aussi remarquable vous laisse de si grands regrets. J’ai la volont? d’?tre un po?te nouveau et autant dans la forme que dans le fond mais au rebours de quelques modernes non fond?s en leur art j’ai le go?t profond des grandes ?poques c’est vous dire que j’honore infiniment le Grand Si?cle et particuli?rement dans ceux qu’avec raison on appelle les classiques. Et fervent de Racine, de La Fontaine j’ai pour Malherbe et pour Maynard l’admiration qui convient ? ces merveilleux versificateurs. Je go?te m?me infiniment Motin et bien d’autres comme ce Cyrano qui vous est cher. Ne vous peignez donc pas puisque le courage vous manque et laissez-moi dans l’ignorance. Et quand vous voudrez me faire conna?tre ce que vous pensez, de vous je mod?lerai mon opinion sur la v?tre. Il est certain que ce que vous ai dit de votre quatrain pourrait passer pour un madrigal. Les circonstances o? je vous l’ai dit ne permettent cependant pas de se tromper. Mais il ne tient qu’? vous, madame, de faire que ce n’ait ?t? l? qu’un madrigal, bien sinc?re pourtant. Si vous ?tes sceptique en mati?re de sentiment o? est donc cette na?vet? provinciale dont il vous pla?t de vous vanter et dont je ne veux pas vous flatter. Je vous enverrais bien des vers, mais moi aussi je sais si peu de vous !… Aujourd’hui mon ?me n’a pas d’int?r?t et pas plus pour moi que pour vous. Il est vrai que l’action va d?cider du sort de la guerre, du moins je le crois et pendant quelques jours, vivant de nos vivres de r?serve, nous allons le visage voil? sous la cagoule ?tre s?par?s du reste de l’univers. Ni lettres ni rien qui viennent de l’arri?re. Mais j’aime, madame, votre r?serve d?licate qui prouve non na?vet? ni scepticisme mais une rare qualit? d’?me. C’est pourquoi je vous prie de permettre que vous offrant mes hommages respectueux je vous baise la main et de me croire votre reconnaissant.画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。 ※ご購入は、楽天kobo商品ページからお願いします。 ※切り替わらない場合は、こちら をクリックして下さい。 ※このページからは注文できません。
