Le Calvaire

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Le Calvaire

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689 円 (税抜き)

Je suis n?, un soir d’octobre, ? Saint-Michel-les-H?tres, petit bourg du d?partement de l’Orne, et je fus aussit?t baptis? aux noms de Jean-Fran?ois-Marie Minti?. Pour f?ter, comme il convenait, cette entr?e dans le monde, mon parrain, qui ?tait mon oncle, distribua beaucoup de bonbons, jeta beaucoup de sous et de liards aux gamins du pays, r?unis sur les marches de l’?glise. L’un d’eux, en se battant avec ses camarades, tomba sur le coupant d’une pierre, si malheureusement qu’il se fendit le cr?ne et mourut le lendemain. Quant ? mon oncle, rentr? chez lui, il prit la fi?vre typho?de et tr?passa quelques semaines apr?s. Ma bonne, la vieille Marie, m’a souvent cont? ces incidents, avec orgueil et admiration. Saint-Michel-les-H?tres est situ? ? l’or?e d’une grande for?t de l’?tat, la for?t de Tourouvre. Bien qu’il compte quinze cents habitants, il ne fait pas plus de bruit que n’en font, dans la campagne, par une calme journ?e, les arbres, les herbes et les bl?s. Une futaie de h?tres g?ants, qui s’empourprent ? l’automne, l’abrite contre les vents du Nord, et les maisons, aux toits de tuile, vont, descendant la pente du coteau, gagner la vall?e large et toujours verte, o? l’on voit errer les b?ufs, par troupeaux. La rivi?re d’Huisne, brillante sous le soleil, festonne et se tord capricieusement dans les prairies, que s?parent l’une de l’autre des rang?es de hauts peupliers. De pauvres tanneries, de petits moulins s’?chelonnent sur son cours, clairs, parmi les bouquets d’aulnes. De l’autre c?t? de la vall?e, ce sont les champs, avec les lignes g?om?triques de leurs haies et leurs pommiers qui vagabondent. L’horizon s’?gaie de petites fermes roses, de petits villages qu’on aper?oit, de-ci, de-l?, ? travers des verdures presque noires. En toutes saisons, dans le ciel, ? cause de la proximit? de la for?t, vont et viennent les corbeaux et les choucas au bec jaune. Ma famille habitait, ? l’extr?mit? du pays, en face de l’?glise, tr?s ancienne et branlante, une vieille et curieuse maison qu’on appelait le Prieur?, ? d?pendance d’une abbaye qui fut d?truite par la R?volution et dont il ne restait que deux ou trois pans de murs croulants, couverts de lierre. Je revois sans attendrissement, mais avec nettet?, les moindres d?tails de ces lieux o? mon enfance s’?coula. Je revois la grille toute d?jet?e qui s’ouvrait, en grin?ant, sur une grande cour qu’ornaient une pelouse teigneuse, deux sorbiers ch?tifs, hant?s des merles, des marronniers tr?s vieux et si gros de tronc que les bras de quatre hommes ? disait orgueilleusement mon p?re, ? chaque visiteur, ? n’eussent point suffi ? les embrasser. Je revois la maison, avec ses murs de brique, moroses, renfrogn?s, son perron en demi-cercle o? s’?tiolaient des g?raniums, ses fen?tres in?gales qui ressemblaient ? des trous, son toit tr?s en pente, termin? par une girouette qui ululait ? la brise comme un hibou. Derri?re la maison, je revois le bassin o? baignaient des arums bourbeux, o? se jouaient des carpes maigres, aux ?cailles blanches ; je revois le sombre rideau de sapins qui cachait les communs, la basse-cour, l’?tude que mon p?re avait fait b?tir en bordure d’un chemin longeant la propri?t?, de fa?on que le va-et-vient des clients et des clercs ne troubl?t point le silence de l’habitation. Je revois le parc, ses arbres ?normes, bizarrement tordus, mang?s de polypes et de mousses, que reliaient entre eux les lianes enchev?tr?es, et les all?es, jamais ratiss?es, o? des bancs de pierre effrit?e se dressaient, de place en place, comme de vieilles tombes. Et je me revois aussi, ch?tif, en sarrau de lustrine, courir ? travers cette tristesse des choses d?laiss?es, me d?chirer aux ronces, tourmenter les b?tes dans la basse-cour, ou bien suivre, des journ?es enti?res, au potager, F?lix, qui nous servait de jardinier, de valet de chambre et de cocher. Les ann?es et les ann?es ont pass? ; tout est mort de ce que j’ai aim? ; tout s’est renouvel? de ce que j’ai connu ; l’?glise est reb?tie, elle a un portail ouvrag?, des fen?tres en ogive, de riches gargouilles qui figurent des gueules embras?es de d?mons ; son clocher de pierre neuve rit ga?ment dans l’azur ; ? la place de la vieille maison, s’?l?ve un pr?tentieux chalet, construit par le nouvel acqu?reur, qui a multipli?, dans l’enclos, les boules de verre colori?, les cascades r?duites et les Amours en pl?tre encrass?s par la pluie. Mais les choses et les ?tres me restent grav?s dans le souvenir, si profond?ment, que le temps n’a pu en user l’agate dure. Je veux, d?s maintenant, parler de mes parents, non tels que je les voyais enfant, mais tels qu’ils m’apparaissent aujourd’hui, compl?t?s par le souvenir, humanis?s par les r?v?lations et les confidences, dans toute la crudit? de lumi?re, dans toute la sinc?rit? d’impression que redonnent, aux figures trop vite aim?es et de trop pr?s connues, les le?ons inflexibles de la vie. Mon p?re ?tait notaire. Depuis un temps imm?morial, cela se passait ainsi chez les Minti?. Il e?t sembl? monstrueux et tout ? fait r?volutionnaire qu’un Minti? os?t interrompre cette tradition familiale, et qu’il reni?t les panonceaux de bois dor?, lesquels se transmettaient, pareils ? un titre de noblesse, de g?n?ration en g?n?ration, religieusement. ? Saint-Michel-les-H?tres, et dans les contr?es avoisinantes, mon p?re occupait une situation que les souvenirs laiss?s par ses anc?tres, ses allures rondes de bourgeois campagnard, et surtout, ses vingt mille francs de rentes, rendaient importante, indestructible. Maire de Saint-Michel, conseiller g?n?ral, suppl?ant du juge de paix, vice-pr?sident du comice agricole, membre de nombreuses soci?t?s agronomiques et foresti?res, il ne n?gligeait aucun de ces petits et ambitionn?s honneurs de la vie provinciale qui donnent le prestige et d?terminent l’influence. C’?tait un excellent homme, tr?s honn?te et tr?s doux, et qui avait la manie de tuer. Il ne pouvait voir un oiseau, un chat, un insecte, n’importe quoi de vivant, qu’il ne f?t pris aussit?t du d?sir ?trange de le d?truire.画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。
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