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Quand on parcourt, pendant la semaine, les villages de p?cheurs situ?s sur les c?tes de Normandie, on ne rencontre presque jamais un homme, ? peine un petit gar?on au-dessus de huit ou dix ans. Tout le monde est ? la mer, les p?res et les enfants. Pendant ce temps, les femmes restent ? la maison, travaillent, regardent le ciel, et prient Dieu de garder leurs maris et leurs fils. Les petites filles restent avec leurs m?res et apprennent ? faire de la dentelle. Les belles dentelles noires qui se vendent ? Paris sont en grande partie fabriqu?es par les petits doigts des filles des p?cheurs normands. Dans un petit village voisin de Villerville, une vingtaine de femmes de p?cheurs ?taient r?unies un matin sur la plage pour voir partir les barques. Une d’entre elles, ?g?e de trente-cinq ans environ, regardait avec une tendresse inqui?te un petit gar?on de huit ? neuf ans qui grimpait aux cordages d’une barque comme s’il voulait faire preuve d’agilit?. ー Il va d?j? bien, ton petit gars, Honorine, dit une des voisines ? la m?re, toujours occup?e du petit mousse. ー Oui, il va bien, il a du bon sang de matelot dans les veines, mais j’esp?re que son oncle D?sir? prendra bien soin de lui. C’est tout ce qui me reste. ー Allons donc, et Art?mise, tu n’y penses pas ? Une bonne fille cependant ! continua la voisine d’un ton de compassion v?ritable. ー Oui, oui, mais depuis que mon pauvre Paulovic n’est plus l? ! … Adieu, Ars?ne, porte-toi bien ! s’?cria-t-elle en faisant un signe de t?te au petit mousse qui se retourna ? sa voix ; et elle rentra chez elle pour ne pas fondre en larmes devant ses voisines. ー Ars?ne est-il parti, maman ? dit une petite fille de onze ? douze ans en levant la t?te sans cependant cesser de faire mouvoir rapidement ses fuseaux ? dentelle. ー Il part, mon enfant ch?ri, mon enfant du bon Dieu ! dit la pauvre m?re ? demi-voix, puis, s’asseyant et jetant son tablier sur sa t?te, elle se mit ? pleurer. Art?mise quitta son m?tier et s’approcha de sa m?re ; elle l’embrassait ? travers son tablier et son bonnet, elle essayait doucement de s’emparer de ses mains, enfin elle r?ussit ? se glisser dans ses bras. ー Il reviendra samedi, maman ; il reviendra. Et puis le bon Dieu le gardera, il ne voudrait pas te prendre tout ce qui te reste.画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。
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