Les Catacombes

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Les Catacombes

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704 円 (税抜き)

LE MARQUIS DE SADE. Voil? un nom que tout le monde sait et que personne ne prononce ; la main tremble en l’?crivant, et quand on le prononce les oreilles vous tintent d’un son lugubre. Entrons, si vous l’osez, dans cette mare de sang et de vices, il faut un grand courage pour aborder celle biographie, qui pourtant tiendra sa place parmi les plus souill?es et les plus fangeuses. Prenons donc notre courage ? deux mains, vous et moi. Nous accomplirons ensemble cette ?uvre de justice : nous allons poser une lampe salutaire au bord de ce pr?cipice infect, afin qu’? l’avenir nul imprudent n’y tombe. Nous allons regarder de pr?s cet ?trange ph?nom?ne, un homme intelligent qui se tra?ne ? deux genoux dans des r?veries que n’inventerait pas un sauvage ivre de sang humain et d’eau-forte ; et cela pendant soixante-dix ans qu’il a v?cu, et cela dans toutes les positions de la vie, enfant, jeune homme, grand seigneur, dans sa patrie et ? l’?tranger, en libert? et en prison, parmi les hommes raisonnables et parmi les fous ; pervertissant les uns et les autres, plongeant dans la m?me infamie la prison, le salon, le th??tre, le toit domestique et l’h?pital. Partout o? para?t cet homme vous sentez une odeur de soufre, comme s’il avait travers? ? la nage les lacs de Sodome. Cet homme est arriv? pour clore indignement le 18e si?cle, dont il a ?t? la charge horrible et licencieuse. Il a fait peur aux bourreaux de 93, qui ont d?tourn? de cette t?te la hache sous laquelle ont p?ri tous les anciens amis de Louis XV qui n’?taient pas morts dans l’orgie ; il a ?t? la joie du Directoire, et des directeurs, ces rois d’un jour qui jouaient au vice royal comme si le vice n’?tait pas, de son essence, une aristocratie aussi difficile ? aborder que toutes les autres ; il a ?t? l’effroi de Bonaparte consul, dont le premier acte d’autorit? fut de d?clarer que c’?tait l? un fou dangereux ; car si Bonaparte avait pris cet homme au s?rieux, cet homme ?tait mort. ? l’heure qu’il est, c’est un homme encore honor? dans les bagnes ; il en est le dieu, il en est le roi, il en est le po?te, il en est l’esp?rance et l’orgueil. Quelle histoire ! Mais par o? commencer, et de quel c?t? envisager ce monstre ? et qui nous assurera que dans cette contemplation, m?me faite ? distance, nous ne serons pas tach?s de quelque ?claboussure livide ? Cependant il le faut ; je le dois, je le veux, je l’ai promis ; depuis assez longtemps je recule. Acceptez ces pages comme on accepte, en histoire naturelle, la monographie du scorpion ou du crapaud. Faisons d’abord la g?n?alogie du marquis de Sade ; elle est importante ici plus qu’en tout autre lieu. Vous verrez quelles nombreuses races d’honn?tes gens pr?c?dent ce monstre, et combien il fait tache dans cette noble famille. Comment il se fait que celui-l? soit arriv? ainsi animer pour succ?der ? tant de vertus, il n’y a que Dieu qui le sache. Toujours est-il qu’on ne pouvait pas descendre d’une source plus limpide. Qui le croirait ? le marquis de Sade est un enfant de la fontaine de Vaucluse ! son arbre g?n?alogique a ?t? plant? dans cette chaste patrie du sonnet amoureux et de l’?l?gie italienne par les mains de Laure et de P?trarque. L’arbre a grandi sous le souffle ti?de et embaum? de ces deux amants, mod?les de toutes les vertus. Fran?ois P?trarque, ce gibelin tout blond et tout rose que la guerre civile chassa de Florence, s’en vint ? Vaucluse pour y lire, loin du bruit des discordes, Cic?ron et Virgile, ses deux passions romaines. La langue italienne n’?tait pas faite encore ; Dante, ce gibelin tout brun et tout ?pre, n’avait pas encore ?lev? la langue vulgaire ? la dignit? de langue ?crite ; mais enfin Dante donna le signal : P?trarque l’entendit, et ce fut dans cette langue toute neuve qu’il c?l?bra son amour et sa mie, en v?ritable troubadour proven?al. Cette femme c’?tait la belle Laure de Noves, la femme de Hugues de Sade, qui l’avait ?pous?e ? dix-sept ans, jeune et belle, avec une dot de 6,000 livres tournois, deux habits complets, l’un vert, l’autre ?carlate, et une couronne d’argent du prix de 20 florins d’or. Ce fut dans l’?glise des religieuses de Sainte-Claire, le lundi de la semaine-sainte, le 6 avril 1427, que P?trarque rencontra pour la premi?re fois la belle Laure. Il la vit, il l’aima ; il aima le corps et l’?me de Laure, comme il est dit dans le Dialogue de P?trarque et de saint Augustin, Quelle tendre passion ! quels transports ! quels emportements muets ! comme l’amour du po?te se r?v?le et se d?roule dans ces mille po?sies innocentes o? il pleure son martyre, o? il chante les rigueurs de sa dame, qui ne lui accorde pas m?me un regard ! C’est l? une histoire de pur amour, ? laquelle ont ajout? foi les historiens les plus sceptiques. La vertu de la belle Laure a ?t? si loin que Voltaire la traite d’Iris en l’air. Elle cependant, si elle fuyait l’amant, elle aimait le po?te ; elle le regardait de loin quand il se mettait ? la contempler de toute son ?me pendant qu’elle se promenait dans ses jardins. Le jour o? le po?te retourna ? Rome pour recevoir la couronne de laurier au Capitole, Laure sentit une grande joie et une grande peine dans son c?ur ; et quand elle le revit, au bout d’un an, toujours amoureux et toujours fid?le, le front ceint du laurier po?tique, et quand il eut chant? sa gloire dans toute l’Europe et port? le nom de Laure ? l’oreille de tous les rois, la belle Laure, toute s?v?re qu’elle ?tait, ne put s’emp?cher d’?tre plus favorable ? ce grand po?te qui l’aimait tant : elle lui permit de l’accompagner ? la fontaine de Vaucluse, elle ?couta ses tendres paroles sans col?re ; et lui, il r?citait ? Laure ses beaux vers qu’attendait le monde. Ainsi ils v?curent, lui voyageur, elle dans sa maison : pr?sente, il l’aimait ; il la chantait absente. Elle cependant, retir?e dans ses foyers, ?levait sa nombreuse famille, et vieillissait dans l’exercice de toutes les vertus domestiques. Mais quelle fut la surprise et quelle fut la douleur du po?te quand il vit Laure pour la derni?re fois ! Elle ?tait au milieu d’un cercle de dames, s?rieuse et pensive, sans parure, sans guirlande, sans perles. D?j? la maladie dont elle mourut eue ?tendu sa p?leur sur ses belles joues.画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。
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