L’Imposture

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L’Imposture

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689 円 (税抜き)

ー Mon cher enfant, dit l’abb? C?nabre, de sa belle voix lente et grave, un certain attachement aux biens de ce monde est l?gitime, et leur d?fense contre les entreprises d’autrui, dans les limites de la justice, me semble un devoir autant qu’un droit. N?anmoins, il convient d’agir avec prudence, discr?tion, discernement… La vie chr?tienne dans le si?cle est toute proportion, toute mesure : un ?quilibre… On ne r?siste gu?re ? ces violences selon la nature, mais nous pouvons en r?gler le cours avec beaucoup de patience et d’application… Ne d?fendons que l’indispensable, sans pr?vention contre personne. ? ce prix notre c?ur gardera la paix, ou la retrouvera s’il l’a perdue. ー Je vous remercie, dit alors M. Pernichon, avec l’accent d’une ?motion sinc?re. La lutte pour les id?es nous ?chauffe parfois, je l’avoue. Mais l’exemple de votre vie et de votre pens?e est un grand r?confort pour moi. (Il parlait ainsi la bouche encore tir?e par une grimace convulsive, qui faisait trembler sa barbe.) ー J’accorde, reprit-il, que le rapport annuel e?t pu ?tre confi? ? un autre que moi. Il y a des confr?res plus qualifi?s. Par exemple, j’aurais c?d? volontiers la place au v?n?rable doyen de la presse catholique, s’il n’avait d?clin? d?s le premier jour un honneur qui lui revenait de droit… Pouvions-nous r?ellement supposer que l’effacement volontaire du vieux lutteur aurait cette cons?quence d’?lever un Larnaudin sur le pavois ? Son regard exprimait une v?ritable d?tresse, l’anxi?t? d’une douleur physique, comme si le malheureux e?t vainement cherch? ? suer sa haine. ー Je n’ai aucune pr?vention contre M. Larnaudin, fit de nouveau la belle voix lente et grave. Je l’estimerais plut?t. De ses critiques m?me injustes, j’ai toujours tir? quelque profit. H? quoi ! mon ami : les doctrinaires ont cela de bon qu’ils r?veillent, par contraste, certaines facult?s que l’usage et l’exp?rience de la vie affaiblissent en nous. Ils nous fournissent de rep?res utiles. Puis il se mit ? rire, d’un rire dur. ー Je vous admire ! s’?cria passionn?ment Pernichon. Vous restez, dans ce vain tumulte, un calme observateur d’autrui ー ? l’autel et partout ailleurs sacerdotal. N?anmoins le tort fait aux int?r?ts les plus respectables par les pol?miques de M. Larnaudin, son parti pris, son ent?tement, votre bienveillance m?me ne peut l’oublier ! ≪ Donner des gages et encore des gages ! ≫ disait hier devant moi votre ?minent ami Mgr Cimier, ≪ le salut est l? ! ≫ Or, nous les avons donn?s tous, ? un seul pr?s : le d?saveu formel, nominal ー oui, nominal ! ー de quelques exalt?s sans mandat, que suivent une poign?e de na?fs. Est-ce trop demander ? (La sueur ruisselait enfin sur le front du petit homme qui semblait en ?prouver un soulagement infini.) M. Pernichon r?dige la chronique religieuse d’une feuille radicale, subventionn?e par un financier conservateur, ? des fins socialistes. Ce qu’il a d’?me s’?panouit dans cette triple ?quivoque, et il en ?puise la honte substantielle, avec la patience et l’industrie de l’insecte. Presque inconnue aux bureaux de l’Aurore nouvelle, sa silhouette d?j? us?e, mal?fique, encore d?form?e par une boiterie, est la plus famili?re ? ce public si particulier d’?crivains sans livres, de journalistes sans journaux, de pr?lats sans dioc?se, qui vit en marge de l’?glise, de la Politique, du Monde et de l’Acad?mie, d’ailleurs si press? de se vendre que l’offre restant trop souvent sup?rieure ? la demande, l’?pre commerce est sans cesse menac? d’un avilissement des prix. Telle crise, une fois d?nou?e, quand on l’a vue se multiplier jusqu’au pullulement, la denr?e p?rissable, d?sormais sans valeur, ach?ve de pourrir dans les antichambres. Ancien ?l?ve du petit s?minaire de Notre-Dame des Champs, jouant jusqu’au dernier jour la com?die ? demi consciente d’une vocation sacerdotale, sit?t le cap franchi d’un baccalaur?at hasardeux, on perdit sa trace un long temps, jusqu’? ce moment d?cisif o? il obtint de signer chaque semaine, dans un Bulletin paroissial, des nouvelles ?difiantes, puis des ≪ lettres de Rome ≫ r?dig?es chez un petit traiteur de la rue Jacob. Quel autre que lui e?t semblablement tir? parti de ce r?le obscur ? Mais il sait ?pargner sou par sou sa future renomm?e, pareil ? ses anc?tres auvergnats qui, l’?t?, graissant de leur sueur une terre ingrate, viennent l’hiver vendre ? Paris les ch?taignes dont les cochons se rebutent, amassent lentement leur tr?sor pour finir inassouvis, seulement d?li?s par la mort de leur r?ve absurde, et h?tivement d?crass?s, pour la premi?re fois, par l’ensevelisseuse, avant la visite du m?decin de l’?tat civil. Ces lettres de Rome ne sont d’ailleurs point sans m?rite. Elles en valent d’autres, moins connues, mais r?dig?es dans le m?me esprit par des vaniteux d??us pour y d?charger, ? petits coups, leurs ?cret?s. Le tour peut en varier sans doute, avec chaque auteur, non pas le sens profond et secret, la rancune vivace, la claire cupidit? du pire, et, sous couleur de paix civique, une rage d’infirme contre tout ce qui dans l’?glise garde le sens de l’honneur. Ayant consid?r? un moment, avec respect, le visage du ma?tre, souriant de ses mille rides pr?coces : ー Je renonce, dit Pernichon, ? vous faire ressentir de l’indignation contre qui que ce soit… Le nonce, cependant, exprimait hier… ー Ne parlons pas du nonce, voulez-vous ? pria l’abb? C?nabre. Le z?le de Sa Saintet? ? ne pas d?plaire finira par para?tre injurieux ? nos ministres r?publicains… La d?mocratie aime le faste : on lui envoie de petits pr?lats intrigants, d’une bassesse ? ?c?urer. Tenez ! celui-ci, je vous jure, n’entend pas le grec !… Chez M. le s?nateur Hubert…画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。
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