Les Catacombes Tome V

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Les Catacombes Tome V

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704 円 (税抜き)

L’ENFANT PERDU. C’?tait le dernier des trois jours, un jour de joie. Vous savez quelle f?te ! la m?me f?te perp?tuelle qui commence par des distributions de viandes et qui se termine par quelques fus?es jet?es dans l’air et qui brillent trois secondes, image trop vraie de la satisfaction d’un peuple. Nous ?tions donc arriv?s ? travers tant de mauvaise musique et de mauvais vers, au dernier des trois jours. La foule s’assemble et se presse ; on se heurte, on se renverse, tous les yeux sont lev?s vers le ciel comme si on attendit un miracle. Que va-t-il donc descendre de ce ciel ? quelle ros?e bienfaisante ? quel saint ange doit nous apporter le calme et la paix ? Pourquoi toute cette population attentive et recueillie ? Demandez-lui ? elle-m?me elle ne vous le dira pas. La foule sait-elle ce qui la pousse, ce qui l’appelle ? La foule marche comme le flot marche ; elle regarde en haut parce qu’en regarde en haut ; elle n’a ni foi, ni esp?rance, ni crainte. On l’appelle aujourd’hui pour regarder elle regarde ; il y a un an on l’appela pour briser un tr?ne, pour d?fendre les lois pour r?tablir la constitution de France, pour r?clamer les droits de !’homme : la foule vint au premier appel. Elle brisa, elle renversa, elle exila, elle se rua dans la vengeance. Au-jourd’hui elle vient voir des fus?es qui voient. Sublime foule ! stupide foule ! Or donc elle regardait, bouche b?ante, attendant qu’il pl?t ? l’artificier de venir. L’artificier ne se g?nait pas ; l’artificier ?tait ? table, joyeux et tranquille que la foule attende, le plaisir en sera plus vif. D’ailleurs tout est pr?t les fus?es qui s’?l?vent en l’air et qui retombent en ?toiles tricolores, la bombe qui tourne sur elle-m?me et qui ?clate, le soleil fixe et mobile donnant un ?clatant d?menti au probl?me de Galil?e, puis la gerbe qui monte, qui hurle, qui crie, qui se d?m?ne, ?chevel?e, bizarre, bondissante, joyeuse, pouss?e par les ?clats du peuple, et se perdant dans le nuage comme se perd une pens?e po?tique dans un peuple en r?volution. Quand l’artificier eut d?ne il s’avan?a au lieu de l’ex?cution. Un feu d’artifice, c’est comme un homme ? immoler ; c’est la m?me attente solennelle, c’est le m?me battement de c?ur. A savoir si l’homme mourra bien, ? savoir si les fus?es seront de poids et monteront bien haut dans les airs. Ajoutez que c’est un plaisir d’un instant qui pisse vite, le temps de couper une corde ou d’approcher une m?che. Ici, quand tout est fait, c’est du silence ; au feu c’est de l’obscurit?. Je ne crois pas que jamais, depuis le commencement du monde, on ait entrepris une pareille comparaison. J’en demande pardon ? l’artificier. Enfin, enfin, dans l’obscurit? de la place publique, l?-bas, l?-bas, ? travers ces ponts suspendus, sur ces bords o? l’onde ?clate et se brise, entre ces statues colossales, monuments sans proportion et sans actualit?, ? travers cette place de la R?volution si ensanglant?e, et qu’attendent des jardins et des groupes d’eaux jaillissantes, voyez-vous cette faible lumi?re qui scintille, vacillante clart? qui para?t et dispara?t in?galement, capricieux follet qui se joue autour de la poudre, ?me rapide de cet artifice muet encore. Silence ! Il faut du silence pour bien voir ; la scintiltante lumiure va donner le signal. La p?le clart? va faire ?tinceler tout ce ciel. Vous allez dire que le soleil n’est pas couch? et que les ?toiles boudeuses se sont envelopp?es dans leur voile gracieux de la nuit, boudeuses d?esses qui ?chappent ? ces astres inusit?s ! Et le feu recommence. Vous entendez comme r?le d’un mort ; l’incendie ?clate et hurle, il crie, il ?clate ; tout le ciel est chang?. Le peuple bat des mains. O pouvoir de la po?sie sous toutes les formes ! cette po?sie color?e de la poudre, facile ? comprendre comme une caricature en plein vent ; cette po?sie des yeux, qui dure une seconde mais qui va droit au regard, laissant le spectateur ma?tre de se faire son drame ? lui comme ? une pantomime d’op?ra ; cette po?sie de l’artificier n’a pas d’?gale. L’artificier est le po?te populaire, l’artificier est l’enchanteur le plus puissant des temps modernes. Vous qui souriez, savez-vous un peintre plus ?tudie ? savez-vous un chansonnier plus chant? ? savez-vous un refrain plus r?p?t? ? savez-vous, dans ce monde d’artisan, quelque chose plus f?t?, plus vivement, plus na?vement senti, avec plus de passion et de c?ur, que cette simple fus?e qui sillonne les airs ? Tout un peuple regarde et applaudit ; ? ce spectacle la pens?e de tout un peuple est suspendue. Il y a un instant, instant rapide, o? le peuple aux mille formes, aux d?solantes col?res, aux passions terribles, aux sentiments multiples, n’est plus un peuple : ce peuple n’est qu’un seul homme, abus?, oublieux, fl?neur, curieux, innocent, et qui regarde en l’air. Ce peuple qui regarde, c’est le grand flandrin de vicomte, dans Moli?re, qui crache dans un puits pour faire des ronds. Oh ! si ce moment de b?atitude et de contemplation silencieuse se prolongeait seulement un jour, qu’il serait facile de gouverner !画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。
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