D'un pays lointain

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D'un pays lointain

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640 円 (税抜き)

D’un pays lointain. Je suis n? dans une maison noire surgie du milieu d’une plaine grise, autour de laquelle un cercle de lumi?re ?tincelait, pareil aux gloires o? s’?crivent les traits s?v?res d’une vierge de vitrail ; mais ce halo d’esp?rance et de b?n?diction ne ceignait que du n?ant, du gris et du noir. Mon p?re et ma m?re, comme tous les habitants de ce pays lointain, ?taient aveugles ; seuls, quelques enfants voyaient : si l’on s’en apercevait, on leur crevait les yeux, ー pour les rendre conformes. J’avais un fr?re, on lui creva les yeux ; j’avais une s?ur, on lui creva les yeux. Pendant l’op?ration, pratiqu?e par un excellent pr?tre, aim? de tous et surtout du Seigneur, ma m?re disait : ≪ C’est un petit moment ? passer, mes ch?ris ; j’ai subi cela aussi, moi, ? votre ?ge, et je n’en suis pas morte. Allons, un peu de courage! ≫ Elle promettait des confitures, du sucre et des g?teaux ? la fleur d’oranger. Mon p?re, qui ?tait n? aveugle, parla plus longuement. Il dit, avec une rude tendresse : ≪ Petits sauvages, vous n’avez donc aucun sentiment des convenances? Ces gamins veulent se distinguer! Ces gamins ne veulent pas faire comme tout le monde! Alors, vous consentez ? ?tre ridicules, c’est-?-dire ? ?prouver des sensations ー et, de l?, des sentiments ou des id?es ー inconnues et, par cons?quent, m?pris?es des autres hommes? R?fl?chissez bien. Si vous gardez vos yeux, cette source incongrue ー ? ce que l’on dit, ー de pens?es vaines et de dangereux d?sirs, on vous poussera du coude avec d?dain, on vous marchera sur les pieds, on vous donnera des coups de genou, par m?garde, on s’ameutera contre vous, on vous tirera les cheveux et on dansera la sarabande autour de la b?te curieuse. Ah! vous vous pr?parez une jolie existence!… ー Mais ils ne refusent pas de se laisser crever les yeux! interrompit ma m?re. N’est-ce pas, mes ch?ris? ー Ils ne refusent pas? Je l’esp?re bien, mais je dois les pr?venir de ce qu’ils vont gagner ? perdre le plus m?prisable des sens, ー et de ce qu’ils perdraient ? le conserver. Mes enfants, je puis vous ?num?rer, avec ma double autorit? d’aveugle et de p?re, les joies d’un ?tre priv? de la vue : la premi?re joie est une joie intime et profond?ment satisfactoire, la joie de la r?pulsion surmont?e, du devoir accompli ; en second lieu, vous ressentirez un plaisir d’orgueil, mais d’orgueil permis, le plaisir d’?tre absolument pareil ? tous vos petits camarades, le plaisir de vivre parmi des ?gaux ; ce plaisir vous accompagnera durant toute votre vie, enfin, ch?tr?s de la vue, vous aurez conquis la paix qui na?t de l’incuriosit? ; apr?s de calmes jeux, de douces ?tudes de paisibles amours, de bons repas, de propices digestions, vous vous endormirez dans la certitude de n’?tre jamais sortis du droit chemin, de n’avoir jamais cueilli aucune fleur, de n’avoir jamais contempl? le ciel, ni la nuit, quand ー dit-on ー il s’orne du regard attrist? des s?raphins, ni le jour, quand le Soleil, ce ma?tre abominable du sang et des s?ves, r?chauffe l’impuret? des instincts…画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。
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Petits ’incuriosit voyaient ’avais excellent